Mon SMPR

Nous sommes une équipe pluridisciplinaire composée de plusieurs médecins psychiatres, dont je fais partie, plusieurs psychologues et une équipe d’infirmiers et infirmières. Nous accueillons également un ou plusieurs internes en stage, c’est à dire des jeunes médecins non encore thésés, en formation pour se spécialiser en psychiatrie. Deux secrétaires et une cadre de santé s’occupent des tâches administratives.

Le matin à 8h, la délivrance du traitement commence. La plupart des médicaments sont préparés hebdomadairement par la pharmacie de l’hôpital et sont livrés aux patients directement dans leur cellule. Mais pour les patients ayant du mal à suivre leur ordonnance , une délivrance est mise en place 2 fois par semaine voire tous les jours dans nos locaux. C’est également le cas pour la méthadone, un traitement de substitution prescrit pour les patients ayant une addiction à l’héroïne, qui doit être délivrée au quotidien et absorbée devant l’infirmier car son ingestion par une personne non habituée peut être létale. La délivrance des médicaments est donc un soin important pour beaucoup de personnes et un infirmier y passe une bonne partie de la matinée.

A 9h, les consultations commencent avec les différents professionnels. Seuls les médecins peuvent prescrire des traitements médicamenteux. Certains patients peuvent être suivis par plusieurs professionnels différents. Le rythme des entretiens varie en fonction des besoins, de une fois par semaine à une fois tous les deux mois, plus rapproché si le patient est fragile, plus éloigné si il est bien stabilisé.

Le nombre important de nouveaux détenus ne nous permet pas de les recevoir tous de façon systématique pour un dépistage des troubles psychiatriques, bien que cela figure dans nos missions. C’est donc l’UCSA, qui les reçoit pour un examen physique, qui nous oriente les patients qui avaient déjà des soins psychiatriques à l’extérieur ou pour lesquels une évaluation spécialisée semble nécessaire.

D’autres patients nous contactent au cours de leur détention. Ils écrivent un courrier, parfois sur un petit bout de feuille déchiré et au crayon à papier, qui est acheminé par courrier interne. Ils demandent à rencontrer un médecin, un psychologue, un « psy » ou plus simplement « quelqu’un ». La raison évoquée est parfois bien précise « des problèmes de sommeil » ou plus floue « je vais péter un plomb » « j’en peux plus » voire carrément absente. Le premier travail va donc être de tenter d’évaluer le degré d’urgence et de proposer une réponse adaptée.

D’autres patients enfin, déjà connus du service ou non, font l’objet d’un « signalement » de la part de l’administration pénitentiaire ou d’une « notice » de la part du juge qui les voit en audience. Ce sont des détenus dont les propos, les réactions ou le comportement ont été jugés inquiétants . Les motifs d’inquiétude sont nombreux en détention : crainte d’un passage à l’acte suicidaire, menaces sur un autre détenu ou sur un surveillant, grève de la faim, une personne qui déambule ou parle seule dans sa cellule… mais tous ne relèvent pas d’un trouble psychiatrique ! Les signalements et les notices arrivent par fax, précédés ou suivis d’un coup de téléphone quand la situation semble vraiment préoccupante. Ils sont traités par l’équipe lors d’une réunion quotidienne à midi puis éventuellement au fil de l’après-midi. La réponse à y apporter est déterminée : en général la personne signalée est reçue par un infirmier puis si besoin par le psychiatre d’astreinte.

Au cours de la journée, se déroulent aussi des activités thérapeutiques. Il s’agit d’activités dont les objectifs sont que le patient puisse exprimer sa problématique autrement que par des mots, travailler sur ses difficultés ou renforcer ses capacités. Contrairement aux activités occupationelles, il ne s’agit pas de passer le temps mais d’un soin au même titre que les consultations ou les traitements. A ce titre, art créatif, atelier écriture, musique, relaxation, sport peuvent être proposés selon les structures. Les activités sont animées par au moins deux soignants et les patients y participent sur indication médicale et selon leurs goûts.

A côté de nos bureaux et de nos salles d’activités se trouve le lieu de soins de niveau 2 : un couloir avec quelques cellules individuelles qui accueillent, pour une période déterminée par le médecin et son patient, les personnes le nécessitant.  Elles bénéficient de soins renforcés de jour avec un passage infirmier trois fois par jour, des rendez-vous médicaux plus fréquents et des activités spécifiques.  Le régime pénitentiaire y est en revanche identique au reste de la détention.  Ces soins de niveau 2 sont régionaux, c’est à dire que nous pouvons accueillir des patients de toute la région pénitentiaire, adressés par leur psychiatre.

Fin de la journée et fin de la présentation, nous voici à l’entrée du service, où se trouve le bureau des surveillants pénitentiaires. Bien que ne faisant pas partie de notre équipe puisque non soignants, ils assurent la sécurité et surveillent les déplacements en s’assurant que chaque détenu qui se présente a bien rendez-vous.